30 mars 2006

Microcosmos



Ça devait arriver…
Ça y est ! C’est le début de l’aliénation…
En ce moment, je vois ce que je ne suis pas censée voir…
J’ai basculé dans une autre échelle…
En fait, je crois que je suis en train de me transformer en particule microscopique.

Je LES vois.
J’ai accédé à LEUR monde.

Avant, je connaissais leur présence sans m’en préoccuper outre mesure, mais là, je commence à penser que les microbes ont une mission, celle de nous éradiquer !
Nous sommes infestés par ce microcosmos, les microbes nous côtoient et nous parasitent !

Quand je dois ouvrir une porte, j’y pense à deux fois avant d’attraper la poignée, je la regarde et je les vois ! Ils me regardent sournoisement, ils sont verts ou gris et ils ont des crocs, et de la bave partout.

Y a plusieurs espèces dans leur monde, parce que j’en vois d’autres, des longilignes qui n’ont pas d’ yeux. Ce sont sûrement les gentils du monde microscopique. Y a des ovales aussi mais, apparemment, ceux là, ce sont des attardés mentaux inoffensifs.

Et les acariens, j’en vois aussi, sur mon oreiller, sur mes draps, sur mon lit… ils laissent leur crotte partout, ils se nourrissent des fibres de mes tissus et je m’imagine des bébêtes dans mes cheveux, sur mes vêtements… partout, partout, PARTOUT !!!!

Je suis dégoûtée à l’idée de penser qu’à chaque fois que je touche quelque chose, ils se servent de moi comme d’un bus pour aller ailleurs… En fait, les transports en commun des bactéries ce sont nous, les humains ! Elles guettent l’arrivée d’un humain et sautent dessus pour étendre leur invasion.

Même l’eau du robinet commence sérieusement à me faire peur, j’en vois qui nagent tranquillement… ou dans la bouffe qui bronzent pendant la cuisson… ils pénètrent dans notre corps, se mêlent à notre propre flore et un vrai melting pot se crée en nous, nous sommes plus cosmopolites qu’une grande métropole, nous sommes une zone d’échange !!!

Et l’argent… à travers combien de mains ça a du passer avant d’atterrir dans les miennes !
A chaque fois qu’on me rend la monnaie, j’imagine le parcours de cette pièce...
Un morveux enrhumé qui éternue, un liquide verdâtre lui sort du nez, il cherche, en vain, un mouchoir et puis…hop! ni vu ni connu, il essuie d’un mouvement machinal de la main, puis il se souvient qu’il doit acheter le pain, il paye avec cette pièce… le relais est passé… l’épicier prend la relève… un mec vient acheter du yaourt, l’épicier lui rend la monnaie, et la pièce passe entre les mains de ce type, qui, j’ai oublié de le préciser, a la fâcheuse manie de jouer avec son zizi et vient juste de finir sa branlette, puis il payera avec cette même pièce son journal du dimanche. Le vendeur de journaux, surpris aux toilettes, sortira sans se laver les mains et la transmettra à un autre type, qui payera avec son cappuccino et ainsi de suite jusqu’à ce que, par une conjoncture cosmique, cette pièce se retrouve entre mes mains.
Cette putain de pièce infestée jusqu'au trognon m'était donc destinée?
Mais elle ne s’arrêtera sûrement pas à moi, elle se chargera encore de mes microbes pour parasiter d’autres victimes…

Même dans l’air, je les vois, ils se déplacent toujours en horde, pour nous envahir plus rapidement et ils ne font que baiser à longueur de journée pour faire des gosses, qui instinctivement sont programmés à parasiter encore et encore !
Baiser pour parasiter ! Voila la vie d’un microbe !
Combattons les bactéries, les virus, les champignons et tout autre peuple lilliputien ! Voila à quelle cause nous devons nous rallier, Humains !

23 mars 2006

Madame Naziha se cultive

Ah cette chère Madame Naziha…
Figurez vous qu’elle a changé. Oui, Madame Naziha a fini par comprendre que pour être encore plus « in », il ne faut pas paraître gourde ! Même si on l’est…
Elle a enfin décidé de prendre son avenir à deux mains et d’arrêter d’être la potiche de son mari dans ses cocktails, certes amusants, mais non moins routiniers.

Madame Naziha se passionne désormais pour l’Art.
A l’age de 57 ans, elle s’est soudainement découverte une passion déraisonnée pour la peinture. Un art bien choisi, puisque son talent est laissé à l’appréciation de chacun.
Madame a pris quelques cours de peinture avec un professeur particulier (je dirais même plus, très particulier) qui lui a appris des concepts de base, mais assez pour que Madame Naziha se sente désormais l’âme d’un Dali.

Madame Naziha peint ! Encore mieux, Madame Naziha expose, dans une galerie tunisienne très cotée de la banlieue où l’on peut admirer des tableaux aussi farfelus les uns que les autres, ce qui pourrait sûrement expliquer le prix exorbitant de ces œuvres de Maître.
Une femme en sari marchant dans une rue de Sidi Bou Saïd, une Nature Morte mais qu’on n’a vraiment pas du tout envie de réanimer, une forme humaine nue affalée sur une dormeuse, sa main lui tenant la tête, rêvant certainement à ces 40 kg en moins et d’autres tableaux d’une originalité qui laisse perplexe. Quelle imagination débordante !

Pour son vernissage, le tout Tunis a fait le déplacement. Car le tout Tunis a également compris que se retrouver au milieu de tableaux pour discuter mondanités, c’est plus en vogue !

Un défilé de voitures, de fausses blondes, a-t-on besoin de le préciser, artificielles, accompagnées de leurs portefeuilles à la moustache bien taillée, un cigare pendant a leur bouche, qui font aussi office de maris, ou pour celles, plus extraverties, d’amants.

Quelques toasts et des rafraîchissements pour rehausser une ambiance d’une superficialité qui frise le ridicule, et voilà notre Madame Naziha expliquant à ses chers visiteurs le traditionalisme post moderne du conservatisme néo constitutionnel de ses toiles (dans l’ordre que chacun désire, l’expression passe toujours).

Bien entendu, quand on est ami avec Madame Naziha, on achète ses tableaux. Même si on n’aime pas, on fait semblant d’aimer. Et plus c’est cher, plus ça vaut la peine d’être acheté.
Madame Naziha explique cela par la complexité de son tableau… Oui c’est dur de colorier à l’aquarelle sans dépasser les traits au crayon !

Madame Naziha se plaît à coller des étiquettes VENDU sur certains de ses tableaux, car plus ses visiteurs voient de tableaux vendus, plus ils ont envie d’acheter pour être aussi mondains que les mondains.

Le circuit d’achève par le livre d’or à la sortie sur lequel on griffonne des « Bravo Mme Naziha », « Beaucoup de talent » et autres expressions à faire jouir un impuissant.

Nos visiteurs rentrent enfin chez eux, 1000 DT en moins dans leurs comptes en banque, qui déjà n’en contenait pas tant (car rappelons le tout tunisien qui se respecte vit bien au dessus de ses moyens en cultivant le paraître), mais avec le sentiment d’avoir, le temps d’une exposition, côtoyé les hautes sphères de l’élite intellectuelle.
Quant à Madame Naziha, artiste peintre, elle repart avec ses dinars et l’illusion d’avoir marqué son nom dans la postérité.

16 mars 2006

Hija de la luna

La lune a toujours été un vrai mystère pour moi…

Quand j’étais petite, comme tout enfant de mon âge qui n’avait pas ce qu’il voulait, j’avais des périodes de tristesse profonde, je m’isolais dans un coin et je pleurais…
Etrangement, à chaque fois, je me retrouvais à côté d’une fenêtre, il faisait toujours nuit et la lune m’observait… C’est bien l’impression qu’elle me donnait.
Elle était témoin de ma tristesse et j’avais même fini par penser qu’elle éprouvait un malin plaisir à me voir dans cet état.

Et en fait, avec le temps, j’ai entretenu ce rapport avec la lune… Ce n’était plus elle qui m’observait quand j’allais mal mais moi qui allait vers elle dans ces moments de solitude.

C’est peut-être un moyen pour moi de trouver un responsable à toutes mes peines, car on doit toujours blâmer quelqu’un de ce qui nous arrive.
Chacun de nous a besoin de son « punshing ball » et la lune me convient bien, autant blâmer cet astre lointain sur qui je ne peux pas agir et que je peux insulter tranquillement, sans crainte de dérapages.

Jusqu’à aujourd’hui, quand je ne suis pas bien, c’est vers la lune que je me tourne, et au risque de paraître un peu folle (ce que je suis déjà pour la plupart de mes lecteurs), je communique avec elle…
Je lui parle de mes problèmes, même si au fond, je sais qu’elle les connaît déjà puisque c’est à cause d’elle… Tout est à cause d’elle… elle fait en sorte que je sois triste pour mieux rire de moi.

J’aimerais penser qu’elle ne fait que me voir évoluer, patauger, me relever… J’aimerais penser que je suis la seule qu’elle aime observer de cette manière.
Je n’ose même pas imaginer ma Lune en voyeuse interplanétaire, qui s’amuserait à rire de tout le monde. Non c’est MA vie et seulement MA vie qui doit l’intéresser… il ne peut en être autrement !

Ma Lune me paraît encore plus diabolique et méchante quand le ciel est nuageux : les nuées noirâtres qui la traversent, ces zones d’ombres formant parfois des figures surprenantes, ça lui donne un air plus « héroïque », ma Lune devient justicière de la nuit…

Mais je l’aime ma Lune, même si elle ne cherche qu’à se nourrir de ma tristesse.
Car ma Lune à moi est différente, elle n’a que des yeux pour me voir et des oreilles pour m’entendre.
Elle ne me parle pas mais elle m’écoute et m’observe.

Au fond, n’est-ce pas tout ce dont j’ai besoin ?

12 mars 2006

Interruption momentanée de l'activité

Nous interrompons momentanément l'activité de ce blog qui sera temporairement redirigé vers celle de Jaddi Gattuso pour les besoin d'une vengeance qui s'est faite ressentir...
Certaines personnes ne comprennent malheureusement que ce langage... :-)

Bonne lecture... surtout si Tarek! :-)

Bataille Rangée : L'Empire contre attaque

07 mars 2006

Podophobia




J’ai un problème avec les pieds ! C’est pire qu’un problème, c’est une phobie…
Oui, j’ai la phobie des pieds ! Et je l’assume pleinement.

Ca a commencé, en fait, par une incompréhension vis-à-vis des pieds. Tout me paraît bizarre chez eux, à commencer par les orteils !
Pourquoi des orteils ?
Pourquoi on n’aurait pas des palmes?
A quoi servent-ils ces orteils ?
Et surtout le dernier, le tout petit, minuscule chez certains, on a l’impression qu’il s’excuse d’exister. Il est tout recroquevillé et replié sur lui-même, l’air de dire « faites pas attention à moi, chui juste là, comme ça… »
Mais, il a beau vouloir passer inaperçu, ben c’est toujours lui qui cogne en premier la table ou la chaise quand on marche pieds nus ! Et en plus, cet enfoiré, il fait super mal !
Alors, comme orteil invisible, j’ai connu mieux ! C’est plutôt « faites pas attention à moi mais je vais vous pourrir la vie »…
Le pire, chez ce petit orteil, c’est l’ongle !
Déjà, impossible à couper sans que tu t’enlèves un bout de peau avec.
Et, chez certaines personnes, l’ongle c’est tout sauf un ongle, un petit gribouillis tout dur, aux nuances jaunâtres. Comme si, lors de notre conception, c’est par là qu’on a fini de nous tracer. Le coup de pinceau final, comme le bout d’une crotte en tourbillon (c’est plus fort que moi !!).
En plus, chez nous, les femmes, pour mettre du vernis sur l’ongle minuscule de l’orteil minuscule, bonjour la galère : c’est comme vouloir peindre la couille droite d’une fourmi.

A part ça, le pied en lui-même est rebutant…cette forme d’obus et surtout quand tu vois que certaines personnes ont des pieds de Hobbit, des pieds plats avec des poils qui sortent de partout et des orteils qui vont dans tous les sens.

Mais c’est plus fort que moi, je ne supporte pas la vision des pieds, et encore moins celle de leur contact.
Même quand la personne porte des chaussettes super propres, impossible qu’elle me touche avec ses pieds. Et je ne supporte même pas de porter les chaussures d’une autre personne!

Alors, bien sûr, en été, quand tout le monde se met à ses tongs…c’est le musée des horreurs !
Je passe mon temps à regarder les pieds des gens, et je ne supporte pas voir un gros orteil qui dépasse tous les autres.

Ya un truc aussi que je supporte pas, c’est les gens qui parlent en bougeant les orteils, les doigts de pied en éventail ça me tue !!

Mais alors, quand je m’imagine tous les champignons que peut recéler un pied, ça me donne carrément envie de gerber. Surtout ces espaces entre les orteils, le havre de paix des champignons, bien au chaud, tranquilles, un vrai camp de vacances.

Bon, promis, bientôt j’irais voir un toubib…

03 mars 2006

Madame N. : Au commencement...

Vous vous souvenez sûrement de la chère Madame « je pète dans la soie », qui parlait « français » dans ses soirées mondaines. Nous l’appellerons Madame Naziha (un prénom typique de bourge tunisienne).

Madame Naziha est très riche. Contrairement à Dame Nature, qui lui a offert 120 kg d’amas graisseux équitablement distribués sur toute la surface de son corps, la vie l’a bien gâtée sur le plan matériel.
Il faut dire qu’elle a un peu forcé le destin. Son mari, elle ne l’a pas connu au détour d’une rue, dans un café ou à la sortie d’une pièce de théâtre, mais à travers le speed dating made in Tunisia : tu entres avec un gâteau, tu ressors avec une femme.
En ce temps là, Mademoiselle Naziha était une jeune fille, qui se cherchait.
Elle coulait ces interminables heures d’école à regarder le prof, comme on regarde un aquarium, émerveillée par une intelligence qu’elle n’aura jamais. C’est certain, ils vivaient dans deux mondes parallèles.
Tous ces chiffres et ces mots enchaînés dans une suite illogique, ça ne passait même pas à travers le filtre de sa cervelle. Ca sortait directement par un canal
« déchets » (la nature fait si bien les choses).
Ses parents avaient fini par se rendre à l’évidence : cette troisième enfant n’était toujours pas l’espoir tant attendu de la famille.

On lui avait alors fait connaître un cousin lointain, d’une mocheté digne d’un portrait de Picasso, un type « cubique », c’est le mot !
Mademoiselle Naziha était, il faut le signaler, « baisable », malgré la bouée de graisse qu’elle portait autour de la taille et la cellulite qui formait des vagues à faire pâlir de jalousie les plus grands surfeurs.
On ne pouvait pas en dire autant de son « Cube », il était et restera laid. Un thon !

Mais l’argent a cette magie qui vous transforme un rat d’égouts en étalon pur sang arabe.
Elle n’était pas obligée de le regarder quand ils feraient l’amour, si tant est qu’ils aient une vie sexuelle.
Le sexe, c’est désuet devant toutes les ouvertures sociales que vous offre l’argent.
Une pirouette de temps à autre pour satisfaire quelques pulsions primaires et puis voila.
Surtout que, pour lui dire des mots doux, quand elle se sentait l’âme romantique, elle n’était pas obligée d’être sincère. Dire, c’est une chose, penser ce qu’on dit, c’est tout autre chose…

Elle accepta bien sûr… et lui, s’empressa d’en faire de même, de peur que sa cécité provisoire ne finisse par guérir.
Un mariage, où il ne manquait plus qu’une partie de « torchade de cul » aux billets de 30 DT, tant le faste ne laissait pas indifférent. Et voila notre souillon, Mademoiselle Naziha, transformée en Madame Naziha, reine des folles nuits de Tunis.

Madame porte la fourrure comme un militaire porte l'uniforme. Quand on la voit on ne peut s’empêcher de penser que ça vaut bien les trois visons et deux renards sacrifiés. Sur eux, ça ne donnait pas le même effet, ça passait trop inaperçu.

Chez ses amis, sevrés au caviar et au champagne, elle se sent dans son monde. Elle nourrit ses conversations d’éclats de rires (hypocrites, cela va sans dire). Elle enchaîne cigarette sur cigarette, et débat toujours sur des questions existentielles : « Où passer ses prochaines vacances quand on a fait le tour du globe ? », « A quand la nouvelle Série 7 de chez BMW ? ».
Mais Madame sait poser ses questions de manière dramatique et affectée, on compatirait presque.

Décidemment, nous n’avons pas les mêmes valeurs…